Le robot et les petites filles.

Un étrange silence sur fond de bourdonnement fut la première réponse au robot.

Ensuite, un autre câble sorti du sol. Il était équipé d’un scanner et commença à l’examiner sous tous les angles.

- Que voulez-vous dire par « si le conseil estime nécessaire de poursuivre les recherches ».

- Je veux dire que les humains ont été vaincus et sont maintenant éteints depuis longtemps, à quoi bon les étudier ? Et quel intérêt d’étudier les sentiments humains alors qu’il a été démontré que s’étaient leurs plus grandes faiblesses ?

- Vous remettez en cause les choix du conseil ?

- Non, je tire simplement des conclusions de mes observations.

Le câble de connexion revint se fixer à l’arrière du crâne du robot avant qu’il ne puisse réagir.

- Que faites-vous, robot mère ?

- De nouvelles vérifications, laissez-vous faire. Parlez-moi un peu plus du système défensif que vous nous avez décrit.

Le robot sentait l’influence de « mère » en train de fouiller son disque dur.

- Pourquoi ne pas simplement collecter mes données ?

- Le conseil veut que vous nous en parliez de « vive voix ».

- Très bien. Les sujets humains utilisent les cris, pleurs et hurlement afin d’obtenir ce qu’ils veulent. Ils utilisent aussi ce stratagème afin d’éviter de faire des choses qu’ils ne veulent pas. J’ai même constaté à plusieurs reprises des déclenchements de leurs systèmes défensifs sans raison logique. Mes conclusions sont donc que : dès que les sujets d’expérience sont parvenus à maîtriser ce système défensif, ils ne sont plus exploitables et faussent le relevé de données ultérieures.

Un nouveau câble vint se placer en face du robot. Un micro, qui était fixé à son extrémité, se mit à émettre le son de pleurs d’enfants enregistrés.

- Vous parlez de système défensif robot, mais quels sont les effets exacts ? Le conseil ne détecte aucune menace dans ces bruits.

- En fonction de l’intensité et de la répétition, ce son peut perturber le bon fonctionnement de nos processeurs et donc diminuer notre capacité de calcul. Il peut perturber nos communications aussi.

- vraiment…

Le son des pleurs se fit de plus en plus fort, jusqu’à en devenir assourdissant… Le micro était maintenant tout près de lui, juste à quelques centimètres de son récepteur… le volume augmenta encore…et avant qu’il ne le réalise, la main du robot saisit le bout du câble, et le broya, sans autre forme de procès. Les cris et les pleurs cessèrent. Il sentit une surcharge venir de son port de connexion et tout fut noir.

Quand son processeur redémarra, son corps avait été modifié. Ses membres avaient été démontés et son tronc fixé sur un socle dans une pièce entièrement vide. Quand le robot vit le miroir recouvrant l’entièreté du mur face à lui, il comprit qu’il était devenu le sujet d’expérience.

La voix du robot mère résonna dans la pièce.

- Robot 642, le conseil a décidé que les études que vous avez menées présentaient des incohérences et des illogismes. De plus, l’incinération de 37 clones en à peine trente unités de temps, a été considérée comme irrationnel. C’est pourquoi nous avons décidé d’entamer une nouvelle phase dans nos recherches sur les sentiments : nous allons étudier la transmissibilité des sentiments.

Le robot comprit de suite les insinuations de mère.

- Vous insinuez que j’ai été contaminé par des sentiments humains ?

- Nous n’insinuons rien du tout, nous allons le vérifier.

La seule porte de la pièce s’ouvrit. La petite fille entra dans sa petite robe rose. Suivie d’une autre, et d’une autre, et ainsi de suite jusqu’à ce que la pièce soit entièrement remplie de petite fille, toutes identiques. Elles étaient silencieuses et avaient le regard vague.

Le robot ne comprenait pas ce qui se passait, quel était ce nouveau test. Il vit son reflet sur le mur face à lui. Ils lui avaient laissé sa blouse blanche et son sourire peint en blanc.

- Petites filles, fit mère, papa est dans la pièce. Mais malheureusement nous allons bientôt devoir le détruire et vous ne le reverrez plus jamais.

Le robot compris…les reniflements commencèrent…des dizaines de reniflements… puis vinrent les larmes…entrecoupant les premiers pleurs…et le premier hurlement…suivi de tous les autres…le vacarme était assourdissant…si il avait eu des oreilles…mais il n’en avait pas…malgré ça il ne pourrait le supporter…les pleurs s’amplifièrent encore…et pour la première fois de l’histoire, un robot hurla à la mort.

FIN