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Tribulations d'un écrivain en devenir.
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Tribulations d'un écrivain en devenir.
  • Le blog de Denis DANIELS Auteur, écrivain, scénariste? Rien de tout cela encore, mais bientôt! L'aventure difficile d'une première publication à travers mes écrits, mes chroniques, mes pensées, mes coups de cœur et de gueule.
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3 décembre 2013

Chronique : quand les grèves gavent.

Aussi loin que je me souvienne, il y a toujours eu des grèves. Transports en commun, corps enseignant, métallo et dockers, ouvriers et employés, tout le monde y a droit, et certains s’en font un devoir. Bien sûr, comme tout le monde, ça me fait bien chier quand je suis bloqué dans un bouchon à cause d’une manif. Et bien sûr, comme tout le monde, je comprends et soutiens les travailleurs qui n’ont que très peu de solutions pour défendre leurs droits.

Les grèves ont toujours été là, c’est maintenant dans notre culture. Mais qu’en est-il de leur réelle légitimité ? Et surtout, qu’en est-il de leur réelle utilité ?

Personnellement, je me suis jamais vraiment posé la question. Je ne me suis jamais senti vraiment concerné. Une partie de moi est même persuadée que la plupart des grévistes ne connaissent pas eux-mêmes tous les tenants et les aboutissants de leur mouvement de protestation. Et c’est bien normal vu la complexité de certains échanges entre patronat et syndicat. D’ailleurs c’est bien pour ça qu’ils sont là les syndicats, non ? Pour essayer de faire le tri entre les dits et écrits de la direction, entre les promesses et les engagements, entre les chiffres et la réalité, entre le vrai et le faux. Et la solidarité veut que si la direction du syndicat a décidé que la grève serait utile, tous les syndiqués suivent.

A vrai dire je ne suis ni pour ni contre les grèves. Je crois qu’un peu comme tout le monde je suis contre quand ça me fait bien chier, et que comme tout le monde je ne me sens que vaguement concerné quand je ne suis pas directement touché.

Par contre, si les grèves sont bien ancrées dans la culture actuelle, je ne peux m’empêcher d’avoir l’impression qu’elles sont de plus en plus présentes. Est-ce un phénomène du à la médiatisation ou simplement la réalité ? Je n’en sais rien. Mais le fait est qu’il devient difficile d’écouter les infos sans en entendre parler.

Et là, deux choses m’interpellent :

Premièrement, les motifs de grève me semblent de plus en plus…disons éclectiques. Si dans le temps les grèves se peignaient uniquement sur fond de crise sociale, de projets de réforme ou sur des licenciements abusifs, maintenant on n’attend pas d’en arriver là. Maintenant beaucoup moins suffit. Des bribes d’informations me traversent rapidement l’esprit à la lecture de ces dernières lignes : « les transports en commun se mettent en grève car un de leur chauffeur s’est fait insulter…les gardiens de prison se mettent en grève car un maton a été blessé lors d’une tentative d’évasion…etc… ». Sans vouloir minimiser le tragique de ce que sont pour moi ces simples faits divers, imaginez que dans le même ordre d’idée la Police se mette en grève à chaque fois qu’un  policier est victime d’une rébellion. Imaginez que l’armée se mette en grève à chaque fois qu’un soldat est blessé ou tué à l’étranger. Ou plus simplement imaginez que les caissières se mettent en grève à chaque hold-up. Le monde serait complètement dingue non ? Et bien préparez-vous car je pense bien que, comme c’est parti là, la folie nous guète. Des doutes ? Allez jeter un œil sur le site réalisé par un usager excédé par les multiples grèves des transports en commun de sa région : http://www.otages.be/ Vous y trouverez un merveilleux best of des motifs de grève les plus absurdes.

La deuxième chose qui m’interpelle est quant à elle bien plus inquiétante : les droits des travailleurs sont de plus en plus importants. Ce qu’il fait qu’ils sont de mieux en mieux protégés. Avec du recul nous pouvons constater que ce phénomène est très récent pour notre société. Pour en être sûr il vous suffit d’interroger vos grands-parents sur leurs conditions de travail et de comparer. Nous sommes dans une évolution fulgurante, en à peine deux générations. Il y a environ 60 ans nous sommes partis d’un extrême négatif en matière de conditions de travail et regardez où nous en sommes en si peu de temps, nous approchons rapidement l’extrême positif. L’un de ces extrêmes n’était clairement pas viable pour le monde des travailleurs. Pensez-vous que l’autre extrême sera viable pour le monde du patronat ? Je ne crois pas. Nous sommes dans une société en perpétuel changement. On avance, on recule et on évolue. Nous sommes adeptes de l’apprentissage par l’erreur. Et que faudra-t-il faire quand nous nous rendrons compte que les droits du travailleur seront tels, que notre économie sera mise en péril ? Les autorités n’auront plus d’autres choix que de faire marche arrière et de supprimer certains droits afin de rétablir un équilibre relatif.

Et voila où ça devient inquiétant.

Moi je ne pense pas que nous y sommes déjà à l’extrême positif. Je pense même qu’il y a encore de la marge et que les syndicats ont encore du boulot. Malheureusement comment interpréter cette abondance de grèves, dont de plus en plus sont illégales, et pour des motifs de plus en plus désuets. J’ai bien peur que nos têtes pensantes commencent à sentir le roussi et ont déjà la main sur le changement de vitesse, prêts à enclencher la marche arrière.

Alors, ne serait-il pas temps que chacun se pose la question : « l’abus de grève est-il mauvais pour la société ? »                 

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