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Tribulations d'un écrivain en devenir.
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Tribulations d'un écrivain en devenir.
Tribulations d'un écrivain en devenir.
  • Le blog de Denis DANIELS Auteur, écrivain, scénariste? Rien de tout cela encore, mais bientôt! L'aventure difficile d'une première publication à travers mes écrits, mes chroniques, mes pensées, mes coups de cœur et de gueule.
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2 juin 2013

Au nom du père

Dans temps à autre j’aime me rendre dans la buvette du centre sportif du patelin d’à côté. J’aime le côté morne de cet endroit : jamais de musique, décoration inexistante, mobilier passé et inconfortable, murs de bêton à nu et de-ci de-là, quelques affiches publicitaires délavées pour des produits qui ne se vendent plus depuis longtemps. J’ai découvert cet endroit grâce à un ami, qui est un habitué des lieux. D’ailleurs, à part les quelques sportifs qui occasionnellement viennent acheter une boisson énergisante, tous les clients sont des habitués. Et tous des gens du village. Et aucun ne boit de boissons énergisantes. Au début je ne comprenais pas la moitié des conversations. S’était comme une grande famille, tout le monde parlant avec tout le monde, mais uniquement de lieux et d’endroits que je ne connaissais pas, des endroits de leur village. J’ai même très vite arrêté de faire semblant de m’y intéresser, détournant mon attention sur mon verre ou sur la grande baie vitrée nous séparant de la salle de sport. Au moins il y a toujours quelque chose d’intéressant à regarder, si il n’y à rien à écouter. Malgré tout, à force d’y retourner, de saluer tout le monde à chaque fois (et oui car tout le monde dit aussi bonjour à tout le monde), de se faire offrir des verres, de payer des verres en retour et surtout de les boire ensemble, j’ai vite été intégré à leur petite communauté. L’alcool rapproche les gens à une vitesse incroyable. Comme dit le dicton : « amis de beuverie, amis pour la… heu… comment tu t’appelles encore ? ».

Ce qui me plait surtout c’est que, tout comme sa clientèle, c’est un endroit sans prétentions ni ambitions. Leurs seules préoccupations c’est la famille, le village, le boulot et bien entendu le centre sportif, dernier dénominateur commun à ce petit groupe. Et c’est tout. En de très rares occasions des sujets d’actualité viennent forcément sur le tapis. Mais ils se soldent toujours rapidement, et avec l’assentiment général, par la conclusion « de toute façon ». « De toute façon tous des pourris », « De toute façon, c’est toujours les mêmes qui paient », « De toute façon, ils peuvent toujours essayer de venir le prendre mon permis ! », et j’en passe.

Etonnement, ils paraissent tous se satisfaire de leur situation, de leur petite vie, de leur petit monde. Ou du moins, personne n’entame jamais quoi que ce soit pour la changer. Ça râle souvent, mais au final ils ne semblent ni heureux, ni malheureux. Et ça c’est très appréciable. Quand on vit dans cette espèce de platitude quotidienne, la morosité vous colle à la peau. Et quand on n’a pas le moral, si il y a bien quelque chose qui vous exaspère, c’est le bonheur des autres : les couples heureux, les enfants qui jouent en riant, les espèces de « famille bonheur » sorties de publicités des années quatre-vingts, bonne à prendre en photo pour coller leurs tronches sur une bouteille de shampoing. Heureusement, rien de tout ça dans cette buvette. Les gens savent rester à leur place ici. Jamais rien de plus que quelques rigolades occasionnelles incitées par l’alcool et des plaisanteries douteuses. Toujours quelqu’un pour jacter quand t’as le causant, et quand t’as envie d’être peinard personne ne vient te prendre la tête. L’endroit idéal pour picoler peinard la première partie de soirée.

 Un soir je me pointe là-bas et je remarque Marvin assis tout seul en mode « fais gaffe on dirait que tu vas marcher sur ton menton ». Je salue les autres habitués, échangeant quelques mots au passage et garde Marvin pour la fin. Je lui tends la main et lui demandant comment il va. Il la serre faiblement et me confirme ce que m’indique déjà sa tronche de six pieds de long : bof bof. Je n’aime pas Marvin. Je me réjouis méchamment de le voir triste. Ma curiosité malsaine veut en savoir plus, j’utilise donc un joker.

- Tu bois quelque chose ?

- Une bière merci.

Comme si il avait une tête à refuser une bière gratuite. Ça marche à tous les coups. Je nous commande deux trente-trois et m’assoit à sa table. Marvin est aussi un habitué. Avant je l’aimais bien. On a déjà bien bu et bien rigolé ensemble. Mais un jour il a enfreint les règles. Il s’est trouvé une jolie pépé et est venu parader deux ou trois fois avec elle. Sonia qu’elle s’appelait. Un vrai regard de garce, mais assez bien foutue en général. Assez sympathique avec un fort penchant pour la boisson, ce qui pour Marvin était un avantage, Sonia avait de suite rendu tous les hommes jaloux. Après Marvin s’est fait de plus en plus rare, ce qui n’était pas plus mal. Mais chaque fois qu’il venait,  s’était pour nous rabâcher les oreilles avec sa Sonia. « J’ai vraiment le cul bordé de nouilles » qu’il disait tout le temps. « Sonia boit et fume plus que moi, et elle a encore plus souvent envie de baiser ! En plus, elle me prend jamais la tête». Fallait qu’il en rajoute le salaud. Nous on répondait tous « c’est vrai que t’as du bol ». On pensait tous « fils de pute ».

De le voir assis là, avec sa tête de pleureuse, je me doute bien que ça a du foirer avec sa bimbo. Je décide d’y aller en douceur. Plus ou moins.

- Sonia, ça va ?

- Elle est partie, qu’il me répond, le regard dans le vide. Silence. Nos verres arrivent. Il se rince. Je suis. Je tente de cacher ma jubilation de savoir le pourquoi du comment et acquiesce.

- Mouais…

- Ouais ouais…

Silence. Il se rince. Je suis.

- Faut que je te raconte. Mardi passé on décide, comme souvent, de se faire une soirée tranquille chez moi : picole, télé et sexe, tu vois le genre ?

- Je veux ouais.

Fils de pute.

- Elle se pointe chez moi avec deux pilules. Une nouvelle drogue d’après ce qu’elle me dit. Tu sais bien, moi je ne suis pas trop pour prendre toutes ces merdes là, mais bon elle insiste, pas moi, et je finis par prendre son truc. On attaque le vin, on tue deux bouteilles et on passe à la bouteille de gin. Sonia me dit qu’elle commence à sentir les effets de sa pilule et qu’elle est toute chaude. Elle se jette sur moi, on baise comme des fous. Je ne sais pas ce qu’elle m’a donné, mais je peux te dire que j’avais une trique olympique, je ne débandais pas. Sonia était déchaînée, sans limite, notre baise a commencé à devenir de plus en plus hard. Elle voulait que je lui claque les fesses et les seins tout en la prenant. Après elle a voulu que je l’insulte. Ce n’est pas mon truc mais bon, j’étais chaud, ça avait l’air de vachement l’exciter, alors je me suis pris au jeu.

Silence. Il se rince. Je suis.

- Puis à un moment elle a commencé à m’appeler papa, à me dire qu’elle avait été  une sale fille et que j’avais bien raison de la punir. J’ai trouvé ça vachement glauque, mais avec ce que j’avais pris je crois que j’aurais pu baiser une éponge à récurer pendant deux heures sans faiblir. Elle m’a jeté sur le dos et m’a enfourché. Sa chevauchée devenait de plus en plus rapide et de plus en plus vulgaire. Elle s’insultait elle-même, tout en insistant pour que je lui claque les fesses de plus en plus fort. Tout d’un coup elle stoppe nette et se crispe. Je la sens qui se contracte autour de moi, sur le point de jouir. Elle se retire de mon sexe et commence à crier. Je sens un truc qui coule sur mon bas ventre. Je me dis que c’est la première fois qu’elle me fait le coup de la femme fontaine, mais non. Ce n’était pas ça. Elle était en train de me pisser dessus, et pas la petite pisse bien proprette du matin, ça tu peux me croire. Moi je suis tellement surpris que je ne sais pas quoi faire. Quand elle termine son long jet, elle me regarde les yeux plein de fureur et me gueule dessus « maintenant que tu m’as déjà baisée, tu vas me faire quoi comme  j’ai pissé au lit, hein papa ?! ». J’en reste muet. Elle se lève, ramasse ses affaires, et quitte mon appartement à poil en claquant la porte.

Silence.  Il se rince. Je suis.

- Mouais…

- Ouais ouais…

Il nous recommande deux bières. Silence.

- Je ne l’ai plus revue depuis. Elle ne répond plus à mes appels et me nie en bloc. C’est peut-être mieux comme ça. En tout cas, J’ai vraiment l’impression de l’avoir  baisée au nom de son père.

- Donc tu la baises au nom du père, elle pisse et disparait de ta vie…

Les bières arrivent.

- Amen !

On trique. Il se rince. Je suis.

- Mouais…

- Ouais ouais…

J’aime de nouveau bien Marvin.       

 

 

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